Tous les articles par Jessica Christ

Deuxième chat : mode d’emploi

Delphine et Thomas vivent avec leur chat Snow, un bengal de 4 ans. Depuis quelques semaines, ils ont adopté un chaton de la même race, Daenerys. La femelle de 3 mois, suit partout son grand frère adoptif et le couple se demande comment créer un lien avec leur nouvelle protégée sans que leur matou se sente mis à l’écart.

Pour les chats

Par chance, l’acclimatation de la petite dernière s’est faite sans accroc. Les deux chats s’accommodent plutôt bien de cette situation nouvelle. Malgré quelques tensions qui peuvent survenir çà et là, quelques feulements ou bousculades, les animaux se cherchent, dorment ensemble et jouent. En tant que chaton, en sortant de l’élevage et donc d’un environnement où d’autres chats partagent le même lieu de vie, il est naturel de porter un fort intérêt à son congénère. Daenerys suit avec une attention particulière les faits et gestes de Snow et apprend beaucoup de choses en l’observant. Pour ce qui est du mâle, il tolère la présence un peu envahissante du chaton. Le partage du territoire, les habitudes et autres rythmes vont se créer au fur et à mesure des mois qui passent et évoluer avec la prise de maturité de la plus jeune. C’est une évolution qui se fait entre les deux animaux, mais qu’en est-il des humains ?

Pour ces derniers, en premier lieu, vient la question de l’organisation de l’espace. Ayant ajouté des litières, des supports de marquages comme un arbre à chat supplémentaire, des griffoirs et des couchages, le grand appartement est dorénavant optimisé pour offrir aux bengals un milieu adapté à leur cohabitation. En effet, comme je le mentionne dans tous mes articles, les marquages chez le chat font partie intégrante du quotidien. A deux, multiplier les possibilités est absolument essentiel. Pour ce qui est du relationnel, c’est une toute autre affaire. S’il est simple de considérer que la présence d’un deuxième génère un besoin accru de marquage, difficile de démêler le vrai du faux en ce qui concerne les liens affectifs. Ceux qui existent entre l’humain et le félin domestique varient en fonction de chaque individu, bipède et quadrupède. Dans le cas de notre petite famille, un schéma relationnel très fusionnel est installé entre le couple et leur premier compagnon. Jeu, caresses et beaucoup d’attention font le quotidien de Snow. Delphine se pose alors la question de garder une attention toute particulière pour Snow. Elle ne veut pas faire de favoritisme et pourtant, elle se demande comment créer un lien fort avec Daenerys qui n’a, pour le moment, d’yeux que pour son compagnon félin.

A ces questionnements, essayons de mesurer la part d’anthropomorphisme et la part de réalité féline. Le couple adoptant un chaton, anticipe la relation sur le long terme et, se stresse. Cette anxiété est néfaste pour tous les liens relationnels existants dans la famille. Les chats, qui apprennent et s’adaptent au fil de leurs expériences journalières, ont besoin, plus que jamais en période d’adaptation, d’un climat sain. Si pour les amoureux, il est important de ritualiser des moments passés avec chaque chat, tant qu’ils ne créent pas de tensions en les soustrayant à leurs activités, pourquoi pas. Le but est de détendre l’atmosphère et de ne pas créer de transfert de stress vers leurs petits protégés. 

En réalité, le plus important est de considérer que la dynamique familiale est influencée par le comportement de chacun. Si Delphine et Thomas scrutent le moindre geste de leurs animaux, s’énervent lorsqu’un feulement se fait entendre, ils génèrent une tension supplémentaire qui peut desservir le processus d’acclimatation global. Les clés de la réussite ici sont le temps et la baisse de pression. Si ces éléments sont bien appliqués, les liens qui en découlent vont en être renforcés entre tous les individus. 

En conclusion

Il a fallu dans ce cas réaliser que pour le moment, tout se déroulait plutôt favorablement, que le lien à venir avec leur nouvelle boule de poils allait naître et nécessiter du temps et que la part inconsciente d’anxiété humaine n’aiderait rien à l’affaire et pouvait, au contraire, sensibiliser les animaux. Bon dimanche les chamoureux !

 

Jessica CHRIST – DNA Mai 2019

Mon chat s’ennuie

Joker est un exotic shorthair de 3 ans, il partage sa vie avec Elise dans un appartement à Colmar. Depuis 6 mois, la jeune femme a démarré un nouveau travail qui lui impose un rythme plus intense et des déplacements fréquents.

C’est un changement majeur pour la routine de son compagnon à quatre pattes. l’adaptation de Joker fût un peu laborieuse en raison de l’impact important de ce nouveau rythme sur plusieurs aspects de son quotidien. 

Depuis quelques temps, plusieurs comportements nouveaux se sont déclenchés chez le matou. Lorsqu’Elise dort dans son appartement, plus aucune nuit ne se passe calmement. L’activité nocturne du chat s’est décuplée lors des dernières semaines si bien que chaque soir, ce dernier court dans le salon, grimpe sur le lit, attaque les jambes de la jeune femme et miaule. Les miaulements justement sont devenus beaucoup plus intenses. Les vocalises du félin domestiques se déclenchent dès l’arrivée de la jeune femme chez elle et persistent toute la soirée pour repartir de plus belle au matin. 

Respecter le rythme biologique du chat

Nos félins de canapé vont généralement se reposer 70% du temps. Bien que leur temps d’activité réelle soit limité, il n’en est pas moins nécessaire de leur fournir des possibilités d’exercices stimulants et enrichissants. Si ces stimulations se résumaient avant à la présence de l’humaine, aujourd’hui, son absence génère une frustration importante et un ennui conséquent. En effet, outre les capacités d’adaptation variables d’un individu à l’autre, une routine bouleversée engendre naturellement des comportements nouveaux. Si les repas ont toujours été distribués à heure fixe, matin et soir, dorénavant, cela varie en fonction de la présence humaine. Le circuit intestinal félin, assez court, nécessite des prises de nourriture fréquentes et en petites quantité. 10 à 16 repas peuvent être consommés au fil de la journée. La gamelle est ainsi remplie à volonté sur les jours d’absence d’Elise et à nouveau contrôlée en deux portions lorsqu’elle est présente. Si cela nous semble anodin de prime abord, l’accès fluctuant à une ressource et plus particulièrement, l’accès limité, génère de la frustration. Si Joker se gère très bien lorsque sa nourriture est proposée à volonté, il est essentiel de lui laisser cette possibilité. Tout comme le territoire, mieux vaut ne pas modifier les accès en fermant une porte de bureau qui est habituellement ouverte par exemple.

Pour occuper Joker au mieux, Elise lui donne sa nourriture dans des jouets adaptés. Cela stimule le chat et lui propose une activité intéressante lors de son temps de solitude. Un arbre à chat placé près de la fenêtre fournit aussi au matou une certaine distraction et bien sûr, un moment de jeu avec l’humaine lors de son retour est fortement apprécié.

Concernant les vocalises, elles ont pour but d’obtenir l’attention de la jeune femme. Ces miaulements sont une forme de communication interspécifique; directement destinée aux humains. En effet, si avec leur mère les chatons miaulent, souvent sur une fréquence que nous n’entendons pas, ils s’arrêtent assez tôt. Les chats apprennent ensuite que le miaulement nous interpelle et l’utilisent de manière variable, d’un individu à l’autre. Il se peut bien sûr qu’un félin émette une vocalise uniquement destinée à s’accorder à une humeur particulière, sans que cela soit une demande d’attention.

En conclusion, il a fallu réadapter l’environnement du chat, ses habitudes et surtout lui proposer des moments qualitatifs avec l’humaine et de l’occupation en son absence pour que tous deux retrouvent une cohabitation paisible et un bon équilibre.

Jessica CHRIST – Parution DNA / Juin 2019 

Une bonne raison d’adopter ?

Lors d’un repas entre amis se posant des questions sur le bien-être de l’animal en général, le principe même de l’animal domestique était remis en question. Pierre aimerait beaucoup la compagnie d’un chat mais il habite en ville et se sent mal à l’idée d’adopter un miauleur entre quatre murs.

Les bonnes questions

Nous traversons une époque de grands changements, nécessaires à la survie de la planète et pour l’avenir de tous ceux qui y vivent. La cause animale est, entre autres, particulièrement visée. Les mœurs sont bousculées, les traditions remises en question et les habitudes communes décortiquées pour préserver les espèces qui entourent les humains, de près ou de loin. Cette démarche est vivante, évolutive et la justesse de chaque action ou pensée est parfois peu palpable tant elle est le fruit d’une appréciation individuelle. Si la protection des animaux tend à se renforcer pour repousser chaque jour de nouvelles barrières, certaines démarches de protection sont devenues de « bon sens » et sont acceptées par le plus grand nombre.

L’importance du contexte

Les humains exploitent les autres animaux, c’est un fait. Dans ce mauvais contexte, il serait facile de jeter le bébé avec l’eau du bain et de capituler en faveur d’un rejet total du principe même de cohabiter avec une boule de poils. Mais prenons un peu de recul. Le chat est un animal domestique. Les miauleurs qui peuplent nos chaumières et nos rues sont, pour la majorité, dépendant de nous. Ils le sont pour toute leur existence, dès à présent, à cet instant. Si des refuges et des familles d’accueil se démènent pour sauver des animaux de l’euthanasie et leur procurer une deuxième chance, c’est bien parce que dans leurs cas concrets, leurs pensionnaires ont désespérément besoin de quelqu’un.

Cactus, par exemple, est un matou européen de 3 ans. Il a trouvé sa seconde chance chez Lise et Anthony, un jeune couple en appartement. De nature territoriale, nos compagnons à moustaches ont souvent peine à vivre dans la promiscuité de leurs semblables. Les refuges font bien ce qu’ils peuvent pour leur assurer une escale agréable, leur passage a pour vocation d’être concis. Comme pour ce minet, d’autres chats attendent patiemment leurs tours de trouver une nouvelle demeure. Ils peuplent les refuges pour toutes les bonnes et mauvaises raisons que la France compte de ces petits miauleurs.

Si la situation du respect de l’animal comporte de nombreux enjeux, elle est à observer sous tous les angles possibles. Notre époque change, les mentalités avec elle. Heureusement, malgré toutes les décisions douteuses, les adoptions malheureuses, les abandons terribles, il reste des associations, des bénévoles, des cœurs vaillants qui agissent sur les cas réels de notre société. Cette société, nous y vivons, cette époque, nous la changeons. L’adoption d’un être vivant et sensible est un engagement de la plus haute importance. Ce qui est certain, c’est que beaucoup de minets sont en ce moment même, ravis d’être affalés sur le canapé douillet d’humains responsables et engagés pour leurs bien-être.

Jessica CHRIST –  La Petite Griffe

Article publié dans les DNA  – mai 2018